Carnets du bourlingueur.
Il est toujours intéressant de se mêler d’un peu plus près au monde politique. Ainsi, adolescente idéaliste que j’étais (et suis toujours), je m’étais mise en tête de rejoindre un parti politique et d’en acquérir la carte de membre.
Expérience enrichissante. A ceux qui souhaiteraient faire de même, peu importe le parti, un petit manifeste – mot à la mode semble-t-il – non-exhaustif, à tendance deuxième degré. Avec des vrais morceaux de vérités dedans, cependant.
● Désavantage : Votre cotisation paie, en majorité, les timbres. Je ne vois que ça pour justifier l’armada de paperasse qui m’assaille. Ils obtiennent le papier gratuitement ou possèdent des actions dans les fabricants d’enveloppes ; autrement, ils seraient en faillite. Je concède : en période électorale, cela se justifie. Mais quel est l’intérêt d’envoyer les invitations-papier quand l’exacte réplique est envoyée à l’adresse e-mail spécifiée ? Soit l’un, soit l’autre. Autant de liasses de papiers glacés, pas recyclés et bombardés d’encre de couleurs criardes économisées. Verdict : barricadez votre boîte au lettre, sauvez un arbre. Et la langue d’un pauvre colleur de timbre.
● Désavantage :
Pressé de recevoir la cotisation ? Pas de vous envoyer votre carte de
membre. Le précieux sésame vous parviendra dans le mois qui suit la réception
de votre virement. Ou pas. Futurs militants, armez-vous de patience. (Et encore
plus en période électorale.)
● Désavantage :
Pressé de participer au meeting ? Application de la célèbre loi de Murphy :
Les rencontres n’auront jamais lieu dans votre province. Go Pass &
autoroutes seront vos principaux amis ! Et, pauvres étudiants, si les
élections tombent en période d’examens, les réunions les plus intéressantes
aussi.
● Désavantage : Vous allez grossir. Si, si.
Dans une invitation, la moitié du texte est souvent occupée par le détail du
menu. Du quatre services qui vous met l’eau à la bouche au buffet froid sans
prétention et au BBQ convivial, les partis engraissent leurs membres autant en
idées qu’en denrées. Note positive : souvent, c’est peu cher et pas
mauvais.
● Avantage :
Avec des enfants, c’est fantastique. Au moins deux à trois fois par an, un
petit quelque chose est prévu pour les familles. Vous serez ravi de papoter
problèmes communautaires ou problématique des pensions pendant que Lucas, 8
ans, joue dans le château gonflable et que Emma, 5 ans, se fait grimer en fée.
● Avantage :
Le montant de la cotisation demeure démocratique. Réductions, souvent, pour les
étudiants, les retraités, personnes handicapées. Parfois aussi, si vous
adhérez pour la première fois à un parti ou à celui-ci.
● Avantage :
Les cartes de vœux. Les jolies attentions de votre président de parti viendront
garnir votre buffet, à côté des bristols pailletés de Tante Lucette. Note
positive : certains essaient d’être drôles ou au moins originaux.
● Avantage :
Le sentiment d’être engagé, de ne pas rester passif. « Tu critiques ? Mais qu’est-ce que tu
fais pour ça ? » ; allez-y, dégainez mollement votre carte de
membre avec un sourire satisfait : « Je m’engage. »
● Désavantage :
Les concessions. Certaines personnes comprennent mal que vous puissiez rejeter
des idées de votre propre parti. Acquérir une carte de membre ne vous oblige à
rien ; pas même à vous départir de votre sens critique.
Bilan de mon aventure ? Je
ne suis finalement pas si déçue que cela. Adhérer est une manière d’être un
citoyen responsable. Ce
n’est pas l’unique voie, bien entendu ! Mais se renseigner, argumenter,
débattre et se positionner est une façon de se sentir satisfait lorsque le
bulletin de vote tombe dans l’urne, qu’il soit blanc ou coché.
L’occasion de se dire : « Je n’ai rien à me
reprocher. » Et cela, autant du côté électeurs que politiciens, devient
rare.