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La minute belge
12 juin 2010

Jeunesse, lève-toi.

(Titre en référence à la chanson de Damien Saez, du même nom.)

« Demain, j’irai parce que tu dois voter. Sinon… » // « M. X accompagnera, en revanche, sa fille qui votera pour la première fois demain. »

La première déclaration est celle de mon père ; la deuxième, celle d’un journaliste de la RTBF, issue d’un reportage sur un Belge abstentionniste depuis de nombreuses années. Pas très vieille, comme je le répète souvent, je ne vais voter que pour la deuxième fois. Ainsi, quelque chose me préoccupe : des personnes, lassées, délaissées ou délaissant un système qui les écœure ou, tout au mieux, les désintéresse, décident de ne pas voter. Soit.  

Or celle-ci ont un comportement bien curieux : loin de décourager la jeunesse génération, de leur exposer leurs motifs ou de démontrer par A+B que le système est de toute façon gangrené par la fraude, l’arrivisme, l’opportunisme et tout autre chose, ils (vous, peut-être) nous incitent à remplir notre devoir de citoyen.

Est-ce par respect pour notre innocence ? Parce que c’est l’occasion, pour l’ado, de se lever avant midi ? Non, je ne pense pas. Les adultes, les aînés, ne se privent pas de rappeler que « ça ne changera rien », « que c’est toujours la même chose », « que c’est le même cirque chaque année. » Autant de remarques judicieuses, pertinentes ou non, déclamées devant le JT, à la librairie en jetant un coup d’œil à la Une ou en rue, simplement. « Mais faut aller voter, m’gamin… »

Bah oui. Faites ce que je dis, pas ce que je fais. Demain, donc, des milliers de jeunes (parfois en plein blocus) se lèveront pour déposer une carte ou deux bulletins dans les urnes. Sous l’œil attentif des parents, parfois.

J’en fais partie, avec mes idées bancales, mes opinions ridicules et mes convictions moyennes. Je n’ai pas l’expérience ou les jugements aiguisés de mes aînés. J’ai fait l’effort, par rapport à celles de l’an passé, de me renseigner sur ces élections. J’ai fouillé les programmes, questionné les éligibles, consulté mes pairs pour me forger un avis éclairé. Ainsi, j’en viens à une remarque, un paradoxe : « Plus tu te renseigneras, moins tu sauras pour qui voter. »

Me voici donc la veille du treize juin, sans savoir pour qui je rougirai demain. Ou presque. Je sais en tout cas une chose : j’irai, je remplirai ce bulletin. Parce que, pour moi, ce droit est toujours un privilège, plus qu’une obligation.

Bien sûr, nous ne votons pas dans un climat propice à la réflexion, à la confiance. Mais l’abstention me débecte doublement. Vous êtes complètement impuissant face au monde politique, las ? Complètement désespéré ? Menteur, vous ne l’êtes pas.

Pas vous, en tout cas, qui envoyez vos enfants dans les isoloirs. Vous les portez, en réalité, sur le front d’une bataille que vous ne souhaitez pas mener vous-même : vous agissez ainsi, parce qu’au fond, vous connaissez toujours un mince espoir : que la jeune génération ne soit pas pareille à la vôtre. Une espérance très faible mais bien présente.

 Pour votre confiance, merci. Mais la plus belle des récompenses seraient encore de montrer l’exemple. De ne pas offrir, pour modèle, l’image de citoyens passifs et découragés. Motivez-vous : dans la nouvelle génération d’électeurs, il y a peut-être une nouvelle génération d’hommes politiques meilleurs que ceux d’aujourd’hui. Peut-être ; elle pourrait tout aussi bien être pire. Mais qui ne tente rien n’a rien.
 
Ainsi, ce « petit vote qui est une goutte d’eau dans un isoloir » pourrait très bien devenir un bassin olympique pour vos ados. Alors, s’il-vous-plait, apprenez-nous à nager.

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