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La minute belge
14 juin 2010

Wind of change.

 "Nous avançons lorsque les plaisirs de la croissance et les angoisses de la sécurité sont plus grands que les anxiétés de la croissance et les plaisirs de la sécurité."

Cette citation est extraite d’un des livres d’Abraham Maslow, pilier de la communication humaniste, qui vantait les mérites de la remise en question, de la prise de risques. Ainsi, cet homme tentait de faire passer ce message : si l’homme s’encroûte dans sa condition, il ne pourra jamais exploiter son potentiel.

 Or, n’est-ce pas ce qu’il se passe actuellement en Wallonie ? Voyez donc ce regain du PS aux élections d’hier. Cette domination apparente m’effraye ; non pas parce qu’ils sont socialistes (pas uniquement, en tout cas) mais bien parce qu’une telle présence au devant de la scène politique francophone m’inquiète.

Un panachage des voix, avec l’ascension de deux ou trois partis n’est-elle pas préférable  à l’avènement d’un parti-astre auprès duquel leurs homologues ne peuvent faire que graviter, attendant l’accueil divin ? Je suis effrayée à l’idée de penser que, sur dix personnes, cinq ou six ne sont pas loin d’avoir les mêmes opinions, parfois la même confiance aveugle dans une seule entité.

Revenons cependant à l’idée de départ : pour améliorer sa condition, l’homme doit se remettre en question. La passivité, l’immobilisme ruinent ses talents, gèlent sa force. Or, ce qui s’est déroulé hier dans nos belles terres wallonnes ressemblent d’avantage à une opération gigantesque de repli sur soi-même qu’à un vent nouveau. Le vote PS est un des votes les plus étranges ; en effet, parfois loin d’en partager les idées, certaines personnes en viennent quand même à rougir la case socialiste. Pourquoi ?

  •  PS, vote « conviction » : Reconnaissons-le, il existe une frange de la population qui votent par affinités avec les valeurs défendues par le parti : solidarité, attention auprès des plus faibles, etc. Ils ne grattent parfois pas en-deçà du vernis de belles paroles mais cette intention est encore louable : dans le fond, ces valeurs prônées sont justes. Leurs applications laissent parfois plus à désirer, en revanche…  

  •  PS, vote « tradition » : Dans certaines régions, peut-être pas uniquement dans le Borinage et la région de Liège, certaines personnes votent de génération en génération. Ecoutez plutôt ces murmures de vieilles personnes : « De toute façon, c’est le parti des « petites gens » et on n’est pas des princes ou des barons. » Ainsi, parfois, l’influence au sein de la cellule familiale est telle que les enfants font comme leurs parents. Qui faisaient aussi comme leurs parents, qui peut-être même tenaient leur ‘’choix’’ de leurs parents. Or, en quatre générations, le visage d’un parti change, la réalité aussi. Sont particulièrement exposés : ceux qui décrochent de la politique et qui, loin de fouiner dans les quotidiens et programmes, choisissent de faire confiance aux aînés.  

  •  PS, vote « repli » : On en arrive enfin sujet de ce billet. Le PS incarne, comme je l’ai déjà dit plus haut, la solidarité, la protection des travailleurs, des plus faibles, des minorités. Dans ses périodes de crise économique, d’inquiétudes financières, des personnes apeurées cherchent souvent un auvent sous lequel s’abriter. A grand coup de déclarations éloquentes, de (omni-) présence, des gens viennent se ranger dans les rangs du PS pour être « en sécurité »  Malheureusement, aucun parti ne peut prétendre avoir la possibilité de sauvegarder tous les emplois, d’augmenter les salaires et d’éviter l’austérité.

Ainsi, pour des motifs parfois très différents, dans un contexte et un climat exécrable et inquiétant, près de 50 % des Wallons ont choisi de renforcer la tradition, le repli, la sécurité. Craignant d’aller de l’avant, de se mouiller et de faire face à un quotidien nouveau mais peut-être meilleur, une grande partie de la Wallonie a préféré camper sur ses positions.Je n'aborderai pas, ici, les débats de l'assistanat, des fraudes ou du clientélisme. Ils sont bien trop souvent stériles et dérivent en manque de respect flagrant. Je tolère la critique constructive, par les défoulements de meutes anti-PS. N'hésitez cependant pas à démontrer vos opinions sur le sujet.

Bien joué, les Shadoks : « Il vaut mieux pomper d’arrache-pied même s’il ne se passe rien que de risquer qu’il se passe quelque chose de pire en ne pompant pas. » Autrement, il vaut mieux glisser une voix dans l’urne du PS et continuer sa petite vie que de risquer un tremblement électoral et la nouveauté. On ne sait jamais ce qui pourrait arriver.

Or, le monde change, l’économie change, tout change : même vous. Pourquoi en serait-il différent pour les votes ? Pourquoi les Wallons s’agrippent-ils à l’ancre du socialisme conservateur et refusent le changement ?

Je ne peux vous en vouloir de voter par conviction : chaque parti a ses défauts, ses points forts. Les gens peuvent crier longtemps, je reste persuadée qu’il y a des gens doués, intègres et novateurs au sein de cette unité parfois croulante et bancale.

Les jeunes ne s’y expriment pas assez ; malheureusement, un renouveau n’est pas pour demain. L’expérience a du bon, la jeunesse a des volontés plus fortes, un courage peut-être plus évident que celui de « croulants » qui comptent parfois jusqu’à septante ans au compteur. Pourquoi changeraient-ils quelque chose à leur politique ? Cela demande des efforts et ils n’en verront de toute façon pas les fruits. (L’horizon se rapprocherait plus des pissenlits, pour eux. C’était la minute d’humour noir et douteux.)

En revanche, je regrette l’immobilisme que certains adoptent comme philosophie. A vous voir, je me pose une question : les Wallons ont-ils peur des Flamands ou ont-ils peur du changement ? Comprendront-ils, un jour, que de redistribuer les cartes peut être profitable à la société ? La question reste ouverte, au moins jusqu’aux prochains scrutins. 

Parfois, je comprends ce malheureux Alexander De Croo qui, de guerre lasse ou par un mauvais calcul politique, a tapé sur la table autour de laquelle étaient attablé des gens qui avaient parfois l’âge d’être son grand-père.

On peut lui reprocher beaucoup de choses à ce jeune homme : l’inexpérience, la volonté de se faire un prénom, les méthodes cavalières et un score dommageable. Ce qu’on ne peut pas lui enlever, en revanche, c’est son dynamisme et ses idées nouvelles, sa volonté de faire une « nouvelle politique » ; or c’est ce souffle nouveau qui manque au Sud. Un nouvel air, une nouvelle ère, qui serait bien utile pour entraîner la chute du château de cartes NVA.  

En effet, pour une nouvelle Belgique, il ne faut qu’une seule chose : une nouvelle génération.  Si possible inspirée par les meilleurs des aînés, mais émancipée des erreurs du passé.

(Triste anecdote pour le titre ; il y a vingt ans, presque jour pour jour, sortait « Wind of change » de Scorpions. Pour ma part, j’attends toujours ce « vent du changement » qui devrait faire trembler nos girouettes politiques.) 

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Commentaires
P
Félicitations pour votre article.<br /> Nous avons effectivement la particularité, en Wallonie, d'avoir un parti socialiste Conservateur,Royaliste, alors qu'un vrai P.S. doit être un parti de progrès, de lutte sociale et... républicain!<br /> <br /> Félicitations encore pour votre clairvoyance!
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